Changement de métriques Windows Server : quelle exposition financière pour l’entreprise ?

iMUO - Infrastructure - 266 x 160 01Nous avions été sollicités par Channel News au mois de décembre sur les changements de métriques licences liées à la sortie prochaine de Windows Server 2016. Suite aux questions suscitées par cet article, nous revenons ici sur les éléments à considérer (voire anticiper) avant toute migration vers la nouvelle plateforme.

Eléments de contexte

Ce changement de métrique licence annoncé par Microsoft est le troisième changement en trois versions consécutives de la solution Windows Server (si l’on exclut les « releases » intermédiaires, estampillées « R2 »).

Historiquement, Windows Server 2008 était basé sur la métrique serveur (une licence par serveur, indépendamment de son architecture physique CPU/Cœurs/RAM,…), et Windows Server 2012 était basé sur la métrique CPU (à raison d’une licence couvrant 2 CPU, charge au client d’ajouter les licences manquantes si la plateforme intégrait 4, 6, 8, etc… CPU’s).

Windows Server 2016 se base sur la métrique cœur (à raison d’une licence couvrant 2 cœurs), mais en y intégrant deux seuils de minima pour couvrir l’usage d’une plateforme (oui, c’est ici qu’à l’instar des changements de règles sur SQL Server, les choses se compliquent) :

  • un premier seuil de minima de cœurs par CPU (à raison de 8 cœurs, donc 4 licences pour couvrir un processeur physique de 8 cœurs ou moins)
  • un deuxième seuil de minima de cœurs par Server (à raison de 16 cœurs, donc 8 licences pour couvrir un serveur physique).

Si nous nous prêtons au jeu des mathématiques par l’exemple, cela donne :

  • 1 serveur mono processeur, double cœur (certes vieillissant mais encore très présent dans les configurations de nos clients) nécessitera 8 licences Windows Server 2016 pour couvrir son usage
  • 1 serveur quadri processeur, quadri-cœur nécessitera… 8 x 4 = 32 cœurs, soit 16 licences Windows Server 2016 pour couvrir son usage.

Maintenant la grande question qui se pose est : quelle sera le tarif d’une licence Windows Server 2016 2 cœurs par rapport à celui d’une licence Windows Server 2012 R2 2 CPU’s (la dernière version en date) ?

L’éditeur précise dans sa communication que le coût ne devrait pas changer entre les plateformes, sous entendant ainsi que le coût d’une licence Windows Server 2016 devrait correspondre à un huitième du coût d’une licence Windows Server 2012 R2. Nous devrions connaitre l’exactitude de ces éléments lors de la disponibilité générale du produit (soit courant juin !)

La question que l’on peut alors se poser est « Pourquoi l’éditeur définit’il une licence 2 cœurs qui dans tous les cas de figure devra au minimum s’acquérir par « paquet » de 8 ? Nous voyons de notre côté trois raisons à cela :

Une raison technique :

  • si les CPU’s sont constituées de plus de 8 cœurs il faudra acquérir les licences supplémentaires par couche de 2 cœurs, ce qui est plutôt à l’avantage du client (pour « coller » au mieux du besoin)

Deux raisons commerciales :

  • Tactiquement, plus le tarif frontal d’une licence est faible, plus vous avez de latitude pour le faire évoluer (si la licence coûte 99 euros, il paraitra peu engageant de l’augmenter de 20 euros)
  • L’évolution des architectures se faisant actuellement principalement sur l’augmentation des puissances CPU, l’éditeur se prépare une évolution des ventes de la plateforme au fur et à mesure de la sortie des nouveaux chipsets. Cela permet aussi d’augmenter dès aujourd’hui le panier moyen sur les plateformes high-end accueillant les machines virtuelles des principaux datacenters. Là où, financièrement parlant, le doublon « Windows-Server-Datacenter-payé-au-processeur + la virtualisation illimitée » rendait très (trop ?) attractif la plateforme.

Pourquoi est-ce important ?

Windows Server est la brique centrale de toutes les solutions Serveurs Microsoft (il n’existe pas (encore) à l’heure actuelle de solution Exchange ou SharePoint pour HP-UX ou Linux), et la plateforme reste incontournable en entreprise (si l’on en juge par ses parts de marché).Tout le monde est ainsi concerné. A noter au passage que ce changement concerne aussi la solution System Center, et ainsi les bundles associés (type CIS)

Le changement de métrique Windows Server amène trois conséquences pour l’entreprise :

1/ l’augmentation du tarif des licences Windows Server dans les cas de configurations high-end, qui auront tendance à se généraliser,

2/ l’augmentation de la complexité de comptage des licences (tant sur les aspects déploiement que constitution du patrimoine licences),

3/ l’augmentation du risque de non-conformité induit dans cette comptabilisation complexifiée.

Suis-je tranquille si je ne migre pas vers la nouvelle version de la plateforme ?

Dans ce cas de figure, tout dépend de votre engagement contractuel. En effet si l’acquisition de Windows Server s’effectue après la date de disponibilité générale de la solution, vous achetez de facto la nouvelle version (et êtes ainsi assujettis aux règles de licensing correspondantes). Même si la solution déployée provient d’une édition antérieure (ex : Windows Server 2012 R2), votre patrimoine est constitué de licences basées sur la métrique cœur. De même si votre contrat en cours intègre la software assurance attachée à Windows Server, vous achetez implicitement la nouvelle plateforme (et acceptez ainsi ses nouvelles règles).

Il convient donc d’analyser clairement les architectures Windows Server mises en œuvre dans vos environnements, afin d’identifier et valoriser les problèmes d’achat et/ou de conformité éventuels des configurations, lors d’un passage effectif ou à venir de Windows Server 2016.

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